Cet ensemble de six courtes pièces a été écrit au cours de l’hiver 2020 par Karine Saporta pour la danseuse martiniquaise Murielle Bedot. La chorégraphe avait déjà créé pour cette interprète la 3ème pièce de sa trilogie intitulée "Notes+" dans le cadre du programme Steve Reich à la Cité de la Musique. Ce solo magistralement exécuté par Murielle Bedot avait marqué les esprits. Au mois de juin 2019, à l’initiative de la DAC Martinique, Karine Saporta est invitée à venir remonter "It’s gonna rain" à la Scène Nationale de Fort de France Tropiques Atrium. La chorégraphe à cette occasion observe.
Elle observe les attitudes de son interprète d’une manière différente. Le corps de Murielle dans le contexte martiniquais révèle toute sa créolité. Karine Saporta décide alors de mener une recherche sur le patrimoine culturel antillais et plus précisément martiniquais. Elle questionne l’empreinte de la culture française sur ce territoire et se passionne pour les croisements intellectuels propres au vingtième siècle dont la Martinique a été le théâtre. La découverte des rythmes, des danses, des courants artistiques, poétiques et politiques créoles l’enthousiasme. Elle décide alors de concevoir une œuvre en forme de mosaïque assemblant des fragments de cultures créole, africaine et européenne.
Au cours de son séjour en Martinique, Karine Saporta rencontre le compositeur et chef d’orchestre Manuel Césaire dont le répertoire musical modernise de manière sensuelle et raffinée des thèmes musicaux antillais.
Ainsi avec ces "Petites pièces créoles" surnommées "La beauté K", la chorégraphe nous fait partager son goût pour les musiques du monde. Déployant ici toute la sophistication rythmique acquise au fil de ses pérégrinations à travers des cultures et des styles chorégraphiques divers, Karine Saporta créé un spectacle envoûtant et nous emporte à l’envi dans le vertige et la transe. Il est fait référence dans cette création au bèlè (cette tradition codifiée empreinte de syncrétisme intégrant aux rythmes locaux ceux du quadrille et de la haute taille venue d’Europe), à la biguine à deux temps et la mazurka à trois temps.
Enfin, pour compléter le face à face musical entre les cultures antillaise et européenne, Karine Saporta a souhaité intégrer quelques morceaux emblématiques de la musique occidentale de l’époque où les français s’installent sur l’île.
Tels que la musique de la danse dite "des sauvages" dans "Les Indes galantes" de Jean-Philippe Rameau ou encore la fugue pour orgue en sol mineur de Jean-Sébastien Bach…
De spectaculaires costumes et coiffes en papier blanc apportent leur contribution à la magie de la danse. Ils représentent une véritable réincarnation d’un savoir-faire artisanal et populaire. Ils témoignent, par delà leur éblouissante technicité aux confins de la sculpture en papier contemporaine, d’une connaissance approfondie de l’histoire des coutumes vestimentaires à travers les âges et les régions du monde.
|